26 Juillet 2014 - Gare Aix TGV
Architectes Jean Marie Duthilleul et Etienne Tricaud
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Duthilleul
Architectes Jean Marie Duthilleul et Etienne Tricaud
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Marie_Duthilleul
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Vent léger sur la passerelle, les belles rencontres se font sur les ponts, ou n'importe quoi qui y ressemble.
Les reflets dédoublent mes visions, Y de partout, mais où est le M ? -
Les signes chez moi sont une obsession, certes.
Mais ici, le Y, on le voit partout !
Même en transparence.... -
Toujours pas de M, des passages, des escaliers, ça monte ou ça descend, suivant les perspectives -
Reflets inattendus, tels des éclairs.
On dominerait presque les vides en se penchant aux bons endroits. -
J'ai cherché ailleurs.
Sous la passerelle peut-être ?
On devinait quelque chose à travers les voies. -
Il fallait s'organiser, de la méthode et de la concentration.
Je suis revenue vers les circulations, les ascenseurs, les escaliers, les accés à la passerelle. -
Des voyageurs passaient sans se douter de rien.
Je me suis retenue d'aborder le monsieur:
Vous n'auriez pas vu le M, celui qui va avec le Y ?
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Les Y me narguaient, de l'autre coté des vitres. -
Regarder les allers venues m'occupait bien heureusement.
Je le retrouverai, me disais-je. -
Mais le M avait décidé de ne ne pas me trouver, lui.
J'ai essayé de grimper, passer au dessus des Y peut-être ?
Avec ces escaliers de partout, je me suis pas génée -
Le décor commençait à me jouer des tours.
Entre les Y, les passerelles et les glaces, on se serait cru dans un palais.
Je crois que c'est là que j'ai commencé à mieux le voir. -
En mélangeant tout, dedans, dehors, montée, descente, passages, sens interdits, sens de la marche, bon sens, les M étaient en train de réapparaitre.
Pleins de M entre les Y.
Tellement occupée à les chercher, je ne les avait pas vu. -
Un U s'est pointé, il a juste dit que ça le faisait bien rigoler, mon histoire de M et de Y.
Que ça faisait rire toutes les autres lettres. -
J'ai dit : Ok, puisque c'est comme ça, on peut tout faire chavirer.
Il m'avait un peu mis en colère ce U !
Mais la gare d'Aix TGV, on ne peut pas vraiment la confondre avec un bâteau, alors ça marchait pas complétement. -
Aussitôt une vague de M est apparu pour me prouver le contraire.
Il faut y aller, prendre l'eau pendant que tu as la voie ! -
A certains endroits ça faisait comme des voiles en train de se lever -
Peut-être que derrière les arbres il y avait la mer.
Je me suis dit: derrière les arbres il y a toujours quelque chose, la mer, la montagne. Tout le monde sait qu'un arbre peut en cacher un autre. -
Je ne suis pas experte en navigation mais les bleus des transparences qui se mélangent, ça je connais.
C'est un bon signe le mélange des couleurs. -
Quand ils sont bien nets, les reflets dessinent des miroirs.
C'est le bon moment pour s'échapper -
Il faut savoir repérer les passages, s'engouffrer dans les brêches et les failles, les interstices, les fentes. -
Et puis se rappeller à temps de l'heure de départ des trains, des Y et des M que l'on cherche, des quais d'arrivées.
Y croire, encore. -
Même si les trains repartent vite, si on les loupe parfois, si on ne voit pas les formes dans les lignes, ou derrière, ou entre, on a quand même de bons moments, comme celui que j'ai passé dans cette gare, mes initiales dans la tête et dans les yeux. -
Je pensais c'est vraiment une très belle gare.
Une gare où on peut voyager sans monter dans les trains est forcément une bonne gare. -
Je crois que j'étais un peu triste de partir, et même si personne ne reste dans une gare, j'aurais aimer le faire, pour une fois.
Attendre ici, j'ai laissé tellement de souvenirs dans cet endroit.
Depuis 2005, mes deux garçons y arrivaient et en partaient. Quatre ou cinq fois par an, à chaque vacances scolaires, je les emmenais pour leur départ à Paris, et je venais les chercher 15 jours plus tard. Je connais le froid glacial des passerelles en hiver, les heures d'attente dans les halls quand les TGV avaient malheureusement du retard, les messages et les annonces je pourrais les réciter par coeur, je les entends parfois.
On apprend à voyager dans les halls de gare, à ses enfants on enseigne les gestes. Chez nous pour dire bonjour aussi bien que pour dire aurevoir, on se prend dans les bras. C'est dans cette gare que nous avons appris à le faire, tous les trois. -
Je suis rentrée à la maison depuis. J'ai retrouver tous mes M.
Ma maison, le moulin, mon travail à Maisons Alfort, mes mots et le reste.
Alors j'ai fait ce qu'on ne doit pas faire normalement.
Dans un coin de brique, cachée sous un porche un jour de pluie, j'ai gravé mon nom pour ne plus le perdre.
Je crois que la matière n'a pas peur des souvenirs et les arbres préfèrent qu'on les laisse tranquilles avec les initiales gravées dans les écorces.
























